• Mes ancêtres

    Le mystère du testament de Gaspard MILLARY sera-t’il résolu ?

    La mise en ligne de nouvelles sources par les archives départementales de la Nièvre me permet de mettre à jour une recherche dont j’ai parlé il y a 3 ans maintenant dans cet article. Cela concerne le testament de Gaspard MILLARY, qui légua tout ce qu’il possède à son neveu, mon aïeul, Jean BEAUNEZ. Tous deux quittèrent le village de Préporché dans le Morvan, pour traverser la Loire et s’établir à Herry. Si Jean aura trois femmes et dix-sept enfants, Gaspard terminera ses jours seul, mais dans le même hameau que son neveu.

    Extrait de l’acte de mariage de Jean BEAUNEZ avec sa première femme Catherine BALLAND – Herry – 3E 2003 – AD18

    J’ai toujours supposé que les liens entre Jean et Gaspard avaient dû être plus que ceux d’un oncle avec son neveu, étant la seule famille à proximité. Gaspard fut notamment témoin du premier mariage de Jean et de la naissance de plusieurs de ses enfants. J’appris dans les documents liés à la succession de Jean BEAUNEZ que ce dernier avait été légataire universel de Gaspard MILLARY. Et je me suis toujours demandé si en-dehors des aspects administratifs, ce testament aurait pu me permettre d’en savoir plus.

    Extrait du cahier des charges de la vente aux enchères de certains biens de Jean BEAUNEZ, Minutes de Louis COURSIER – Étude d’Herry – AD18 – 1859 E/23766

    Malheureusement pour une raison tout à fait inconnue, Gaspard MILLARY décida que son testament serait dressé par Maître CHARLER à Pouilly-sur-Loire, de l’autre côté de la Loire. Ce dernier exerça à Pouilly plusieurs années puis quitta la ville pour reprendre une étude à Saint-Saulges, dans le même département de la Nièvre. Et si les minutes rédigées à Saint-Saulges furent versées, aucune trace des minutes de son passage à Pouilly. Quelle déception !

    Des détails dans l’enregistrement

    Qu’à cela ne tienne, j’ai pu explorer une nouvelle piste l’été dernier lors de ma visite aux archives du Cher : celle des registres de mutation après décès. S’il y a eu testament c’est que Gaspard avait des bien, et s’il y avait des biens il y a forcément eu enregistrement. Et c’est bien ce qu’il s’est produit ! Je savais d’avance que dans l’enregistrement il n’y a que des aspects administratifs, mais cela me permettrait au moins de confirmer la date du testament et le notaire (la date est d’ailleurs erronée). On y apprend donc que Gaspard laissa à son neveu :

    • Un lit et des hardes, pour une valeur de 40 francs.
    • Une étable au hameau du Chêne (5 francs de revenu), quatre ares de vigne (3 francs), et 60 ares de terres (14 francs de revenu), pour un capital de 440 francs.
    Mutation après décès de Gaspard MILLARY – 1Q/2236 – AD18

    La mise en ligne des répertoires de notaires

    Une bonne nouvelle a parcouru les réseaux le 15 décembre 2023 : les répertoires de notaires ont été mis en ligne par les archives de la Nièvre. Peut-être la bonne occasion pour en savoir plus ? Le testament y est bien indiqué à la date du 29 juin 1820, et voici ce que le notaire a inscrit dans son registre :

    Testament par Gaspard Miliary manœuvre demeurant à Chesne commune de Herry département du Cher au profit de . . . . . . . .

    Répertoire de Me CHARLET – 8U 3/157 – AD58

    Il semble donc que Me CHARLET n’a non seulement pas versé les minutes, mais en plus ne remplissait pas très consciencieusement son répertoire.

    Pensez-vous qu’il y ait d’autres pistes à explorer ?

  • Berry,  Dans les archives

    La construction de l’école mixte de Verdigny

    L’obligation de la nouvelle école

    L’histoire commence le 3 janvier 1869 par un courrier envoyé par la préfecture du Cher à la sous-préfecture de Sancerre.

    A M le sous préfet de Sancerre

    La commune de Verdigny est tenue d’après la loi comme ayant plus de 500 habitants d’entretenir deux écoles spéciales, l’une de garçons et l’autre de filles.

    J’ai l’honneur de vous prier, Mr le sous-préfet d’inviter le conseil municipal à aviser aux moyens de se conformer au voeu de la loi, ou à demander une dispense auprès du conseil départemental pour l’entretien d’une école de filles.

    Quelques mois passent, et l’inspecteur primaire se rend à Verdigny. Il rédige son rapport le 14 décembre 1869 où il relate qu’il s’est rendu dans la commune choisir un local destiné à l’école des garçons. Il a visité la maison d’un certain sieur Maréchal située près de l’église, comprenant une grande salle de 6,50 mètres sur 5, deux pièces qui pourraient servir au logement de l’instituteur, des dépendances et un jardin que le propriétaire devra clore. Ce dernier accepte de prêter des tables et bancs en attendant que la commune fasse l’acquisition du mobilier scolaire. Tout sera prêt le 1er janvier prochain pour l’ouverture de l’école et le loyer annuel est fixé à cent francs. L’inspecteur primaire demande à l’inspecteur d’académie d’inviter le conseil municipal de Verdigny à traiter avec le sieur Maréchal pour le bail de la maison et de nommer un instituteur communal qui entrera en fonction le 1er janvier 1870… Le temps presse !

    Le préfet reçoit la copie du rapport envoyée le 16 décembre 1870. On lui demande de bien vouloir proposer une délibération au conseil municipal pour que l’école « attendue avec impatience » ouvre le plus tôt possible.

    Le conseil municipal se tient le 29 décembre 1869. Mais l’école « attendue avec impatience » ne le semble pas tant que cela par le conseil municipal… Le maire donne connaissance de la lettre de l’inspecteur des écoles primaires. Le conseil municipal semble des plus réservés. Il estime d’une part que le nombre des élèves ne dépasse le chiffre fixé par la loi puisque lors de la mauvaise saison, à partir d’avril-mai, les enfants abandonnent l’école pour s’occuper des travaux dans les champs. D’autre part la commune ne pourrait supporter les dépenses qu’occasionneraient la création d’une seconde école dans la commune. Enfin, il estime que l’école existante est suffisante pour l’instruction de la jeunesse de la commune.

    Le conseil municipal refuse donc à unanimité la création d’une nouvelle école dans la commune. Voilà qui complique l’affaire !

    Le 31 décembre, le sous-préfet envoie une copie de la délibération du conseil municipal. La rentrée du 1er janvier semble quelque peu compromise ! Il reformule légèrement les termes de la délibération, mais l’esprit reste. Le préfet ou une autre personne de la préfecture soulignera que l’école mixte actuelle est suffisante.

    Lettre du sous-préfet de Sancerre au préfet du Cher du 31 décembre 1869 – AD18 – O/310/1

    L’affaire passe entre les mains du conseil départemental le 7 janvier 1870. Difficile de statuer : l’inspecteur indique que les familles rencontrées semblent attendre cette nouvelle école, le conseil municipal le contredit. Aucun relevé mensuel de la population scolaire ne permet de se rendre compte du nombre d’élèves. La résolution est ajournée.

    Les échanges ont dû se poursuivre, et le ton monte du côté de Verdigny ! Le maire Florent NEVEU (frère d’un de mes ancêtres) écrit une lettre au préfet le 7 mars 1870. Un autre problème apparaît : la population ne voudra pas laisser les jeunes filles à un instituteur, mais préféreront les sœurs qui officient actuellement. Et de conclure :

    Ainsi, M le Préfet, à mon âge, ou 36 ans de mairie, je suis réellement confus d’avoir à réfuter de telles assertions, que votre prédécesseur avait réduit à néant.

    Le préfet classe la lettre : « Rien à faire pour le moment ».

    Lettre du maire de Verdigny au préfet du Cher du 7 mars 1870 – AD18 – O/310/1

    Cinq années passent

    Le temps passe. Le maire de Verdigny Florent NEVEU n’est plus de ce monde, il est décédé en 1872. Un nouveau rapport de l’inspecteur primaire dresse un tableau assez similaire à 1869, mais le nombre d’enfants à instruire a augmenté. Le choix de la location est laissé de côté, le nouveau projet prévoit la construction d’un bâtiment qui accueillera les deux écoles ainsi que la mairie. Le terrain est sain et accessible facilement depuis les trois hameaux qui constituent la commune. Le voisinage est « convenable ».

    Tableau d’assemblage des plans du cadastre. Les hameaux et le bourg sont en vert, la localisation de la mairie et des écoles en rouge – AD18 – 3P 2713/01

    Voici la description qui est faite du projet.

    • Tout d’abord pour le logement de l’instituteur. Cuisine avec cheminée, potager et pierre d’évier 12,09 m²
    • Deux chambres à coucher avec cheminée 17,74 m² et 13,65 m²
    • Une cave de 18 m²
    • Un grenier de 77 m²
    • Mairie dans la maison d’école : une pièce de 21 m² avec un accès indépendant
    • Salle d’école pouvant accueillir 77 élèves soit 77m²
    • Surface vitrée 9,84 m²
    • Carrelage ; salle orientée sud-est / nord-ouest
    • Une armoire pour la bibliothèque
    • Cour de récréation de 3 ares 70 centiares. La construction d’un préau couvert n’est pas prévue au devis
    • 4 cabinets, pas d’urinoirs
    • Jardin de 5 ares

    L’inspecteur approuve le projet moyennant quelques aménagements : substituer le granit au bois pour les cheminées, abaisser le niveau de la salle de classes pour éviter les escaliers qui y donnent accès, additionner quatre urinoirs. Point dès plus important : il demande d’accorder sur les fonds du département ou de l’état un secours de 5355,27 francs.

    Une grande partie des courriers suivant concerneront le financement. En effet le coût du projet est important pour la commune : 12 675,15 francs ! La commune apporte 7319,88 francs, l’état 4462,73 francs. La commune demandera une aide au département pour le reliquat de 892,54 francs.

    Secours apporté aux communes, commission départementale du Cher du 16 juillet 1876 – AD18 – O/310/1

    Sept ans plus tard

    En 1884 a lieu une grande enquête sur la situation des écoles primaires. L’occasion de vérifier si les travaux ont bien abouti !

    Nous apprenons que l’école a été construite en 1877, puis a été agrandie en 1883. Des préaux qui n’étaient pas prévus au début ont bien été construits. Du côté des garçons, 43 élèves sont inscrits et 41 sont présents lors de la visite. Du côté des filles les chiffres sont respectivement de 45 inscrites et 32 présentes. Les salles de classe sont estimées être bien équipées, et le chauffage se fait avec un poêle du côté des garçons et à la houille du côté des filles. En-dehors des chiffres, l’enquête recèle un petit trésor : le plan de l’école ! Ou plus exactement du bâtiment qui regroupe mairie, école des garçons, école des filles et logement de l’instituteur.

    Plan de la maison d’école de Verdigny – F/17/*/2801 – Archives Nationales
    Carte postale ancienne de la mairie (à gauche) et de l’école de Verdigny. Collection personnelle.

    J’ai moi même été scolarisée dans cette école en grande section et CP dans la salle qui était autrefois la salle des garçons, soit cent dix ans après la construction !

    Sources :
    Verdigny : Affaires diverses - O/310/1  - Archives du Cher
    Tableau d'assemblage des plans du cadastre - 3P 2713/01 - Archives du Cher
    3P 2713/05, Verdigny, 3P 2713/05
    Enquête sur la situation des écoles primaires en 1884 : statistiques fournies par les instituteurs - F/17/*/2801 - Archives Nationales
  • Considérations généalogiques

    Test d’Heredis 2024

    La sortie de la nouvelle version d’Heredis est un marronnier dans l’univers généalogique. Je vous propose mon le test de la nouvelle version de ce logiciel que j’utilise depuis maintenant 14 ans.

    Les versions antérieures

    Le temps passe vite, et la version d’Heredis installée sur mon ordinateur est la 2021. A l’époque j’avais craqué pour la roue ascendante qui apportait enfin un peu de modernité dans la représentation graphique des arbres. J’avais aussi bien apprécié la possibilité d’indiquer qu’un individu est « complet ».

    Pourquoi ne pas avoir acheté les suivantes ?

    Chaque mise à jour d’Heredis coûte 50€. J’attends donc d’avoir suffisamment de nouveautés pour justifier cet investissement. Dans la version 2022, la grosse évolution était la roue dynamique de descendance, qui à l’inverse de la roue ascendante est une représentation graphique qui ne me parle pas (beaucoup moins qu’un arbre en tous cas).

    J’avais un peu plus hésité l’an dernier pour la version 2023 qui apportait des améliorations sur la gestion des doublons, utile pour faire un peu de ménage dans ma base. Il y avait de nouveau une roue, la roue des régions et le journal de recherches. J’attendais beaucoup de cette amélioration, mais après avoir testé, cela ne correspondait pas à ma manière de gérer mes recherches et j’ai préféré garder mon tableur, qui est plus « personnalisable ». Et lorsque j’ai vu la quantité phénoménale d’actes qui étaient notés « à chercher » cela m’avait conforté dans mon choix.

    Alors, Heredis 2024 ?

    Dès le jour de la sortie, j’ai téléchargé la version test d’Heredis 2024 en me focalisant sur les nouveautés mises en avant.

    • La chronologie familiale

    Il est désormais possible de générer automatiquement une chronologie familiale, à la manière d’une frise chronologique. Le rendu est beau visuellement, mais j’étais complètement perdue dans l’affichage avec un grand nombre d’individus à l’écran. Il m’a fallu passer un petit moment dans les options pour ne garder que les individus qui m’intéressaient, et dans un ordre logique. Une fois cette étape franchie, l’affichage apporte des informations intéressantes et évite d’avoir à utiliser un autre outil pour un résultat équivalent (voire moins beau). Parfait donc pour illustrer un article de blog ou un livre généalogique … sauf que l’export ne propose que le format pdf et aucun format image…

    En un clic, une frise chronologique avec les principales dates de la vie d’une famille
    • Une p’tite roue, une p’tite roue, encore une p’tite roue

    Je ne l’avais pas vu venir : après la roue d’ascendance, la roue de descendance, voici la roue mixte ! La roue d’ascendance avait pesé lourd dans la balance lorsque j’avais fait mon choix de passer à Heredis 2021. Comme je l’ai indiqué précédemment j’aime moins illustrer la descendance sous forme de roue, je trouve cela moins intuitif. Donc la roue mixte ne m’emballe pas vraiment. Pour mes recherches il m’arrive d’avoir besoin d’une visualisation d’un arbre mixte ascendance / descendance, et je choisis plutôt une représentation par arbre, mais qui mériterait un coup de jeune. Par exemple dans le cas de Jean BEAUNEZ qui a eu trois épouses, l’arbre mixte n’inclue la descendance que pour une épouse (ou alors je n’ai pas su bien paramétrer l’arbre à l’époque). Ce qui n’est pas le cas dans la nouvelle roue, pour laquelle il y a bien tous les descendants.

    Roue mixte ascendance et descendance et Jean BEAUNEZ. Colorisation selon le département.
    L’arbre mixte de Jean BEAUNE – le mode d’illustration me va bien mais je souhaiterai une petite modernisation et la possibilité d’y inclure tous les descendants

    Ce qu’il me manque

    1. Pour illustrer mon blog ou un livre généalogique, il me manque une option pour exporter un arbre ou une illustration au format image, alors qu’il n’existe que le format pdf actuellement. C’est une fonction disponible sur Généatique pour les arbres.

    2. Une autre modification que j’attends depuis longtemps : les étiquettes. J’aimerais pouvoir ajouter dans la fiche d’un individu une étiquette qui me permettrait d’identifier du premier coup d’œil une information le concernant (exemple ci-dessous), voire de naviguer entre individus en cliquant sur l’étiquette.

    Il existe des étiquettes sur Filae, mais avec une liste pré-déterminée d’informations que l’on peut ajouter. Je souhaiterais vraiment la possibilité d’avoir une saisie libre.

    3. La résolution d’un bug qui m’embête de temps en temps, avec la zone d’affichage en bas à droite qui devient vierge. Particulièrement gênant lorsqu’il faut choisir un individus et que l’on ne peut pas voir s’il s’agit du bon…

    4. Un pack version du logiciel + appli. Je ne peux pas donner mon avis sur l’application, puisque même si je l’achète, elle ne sera pas compatible avec ma version 2021. Un utilisateur qui achète chaque année la nouvelle version du logiciel, doit également investir dans la nouvelle appli, un pack me semblerait judicieux.

    5. Une amélioration des arbres maintenant que le travail a été fait pour les roues.

    En conclusion

    Chaque version apporte des choses intéressantes c’est indéniable ; mais lorsque je fais le bilan de ce qui va me servir dans ma pratique de la généalogie, le compte n’y est pas. La version 2024 ne sera donc pas encore pour moi ; j’attends la 2025 avec impatience !

  • Mes ancêtres,  Vu lu entendu

    Les archives sortent du bois

    A l’occasion de leur réouverture, les archives départementales des Côtes d’Armor ont mis en place une exposition temporaire intitulée « Les archives sortent du bois » ainsi qu’un programme de conférences autour de ce thème. Bien que n’ayant pas d’ancêtres en Bretagne, j’ai eu l’opportunité de la visiter au mois de mai, juste avant d’écouter une conférence fort intéressante sur les charbonniers.

    La statue de gauche a fait l’objet d’une vidéo passionnante pour découvrir si elle était bien celle citée dans un acte ancien.

    La salle d’exposition est un bel espace, et un livret d’accompagnement était proposé pour mieux comprendre certaines sources. L’exposition était divisée en plusieurs parties, illustrées avec différents documents issus de leurs fonds ou prêtés :

    • Le milieu forestier.
    • De la forêt nourricière à la forêt exploitée. On y évoque ici notamment l’utilisation du bois pour le chauffage, la construction (habitations, maritime) ou encore les tanneries. En effet, jusqu’à l’arrivée du charbon puis de l’électricité, le bois constituait le seul moyen de chauffage et de cuisson. Au Moyen-Âge les villageois pouvaient se procurer du bois de chauffage par le droit d’affouage. Pour le gibier, il était réservé à la chasse, un privilège réservé à la noblesse. D’où la présence des garde-chasses. De même le pâturage des troupeaux fut encadré par le droit de pacage (pour le bétail) et de panage (pour la glanée des porcs).
    • Forêt de pouvoir et d’état. Il y était question des conflits d’usage, du personnel chargé de garder les forêts. Ces conflits ont laissé des traces dans les archives : jugements condamnant les voleurs ou braconniers, des cahiers de doléance se sont même fait l’écho du mécontentement des populations à ce sujet.
    • Forêt et société. La partie sur les métiers liés à la forêt m’a particulièrement intéressée bien qu’elle n’ait pas été la plus importante. Il était également question de la chasse et de la forêt « sacrée ».
    • De la réalité à l’imaginaire. Dans cette dernière partie étaient exposés des arbres généalogiques, mais également des œuvres (musicales ou peintures) évoquant la forêt.

    Les fonds d’où provenaient les documents mis en avant

    Mes ancêtres et la forêt

    Cette exposition et la conférence qui s’en suivait « charbonniers, brûleurs de forêt » étaient l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la vie de mes ancêtres qui ont travaillé le ou dans le bois. Parmi mes ancêtres directs se trouvent au moins :

    • Huit sabotiers, dont deux arrière-arrière-grand-pères.
    • Trois charbonniers. Je leur ai consacré plusieurs articles, dont celui-ci.
    • Trois scieurs de long.
    • Un garde forestier.

    L’exposition les archives sortent du bois est visible du 22 mars au 8 décembre 2023 aux horaires d’ouverture des archives départementales des Côtes d’Armor. Elle est gratuite.

  • Mes ancêtres

    Les anniversaires généalogiques de l’été 2023

    Cet été, nous avons fêté quatre anniversaires généalogiques dans notre arbre (en plus de celui de Solange JAMET).

    Anne MIGUET

    Anne (ma sosa 299) est née le 9 juillet 1752 à Crézancy-en-Sancerre de Pierre MIGUET, cardeur, et Anne PANARIOU. Lorsqu’elle épouse Sylvain RAIMBAULT, un vigneron, le 1er juin 1776 à Subligny, elle est orpheline. C’est donc son frère Jean, qui est également son tuteur, qui autorise cette union. Elle est âgée de 24 ans, son époux en a 51… Elle vivra à Subligny jusqu’à son décès le 21 juillet 1823, alors âgée de 72 ans. Elle aura mis au monde au moins 6 enfants, dont mon aïeule Catherine RAIMBAULT. C’est d’ailleurs son gendre Satur PORCHER et époux de Catherine qui déclarera le décès (peut-être vivait-elle avec eux ?). Elle résidait au Chezal Rousset, mais il s’agit sans soute plutôt du Chezal Rousseau.

    Anne MILLET

    Une autre Anne, de la même branche LEGER (sosa 317) est née vers 1758 de Léonard MILLET domestique et Anne COUDRAT, tous deux originaires de Bannay. Elle épouse Jean ROUSSET un laboureur le 30 juillet 1777 à Sainte-Gemme-en-Sancerrois. Elle est alors orpheline, et son tuteur est présent (je n’ai pas encore découvert son lien de famille avec lui). Elle fut fileuse, et aura au moins cinq enfants. Chose étonnante, pour quatre des cinq naissances l’époux est absent au moment du baptême alors qu’il était laboureur, ce qui ne nécessitait pas de s’éloigner du domicile familial. Elle décède le 28 juillet 1823 à Sainte-Gemme à l’âge de 65 ans.

    François SERVEAU

    Nous arrivons maintenant dans ma branche protestante, et il m’est difficile de raconter avec certitude la vie de François SERVEAU (sosa 976), car je ne parviens pas à confirmer les informations trouvées sur internet :

    • Le mariage aurait eu lieu le 22 janvier 1754 à Sancerre, comme l’attesterait le contrat de mariage passé chez Maître GRANGIER. J’ai épluché les minutes du notaire cité pour l’année 1754 sans trouver ledit contrat. Et les minutes de 1753 sont manquantes, je me demande donc si l’information était la bonne, ou si l’acte a disparu.
    • Le mariage protestant aurait été réhabilité en 1788, alors que François serait décédé en 1783.
    • Un François SERVEAU fut bien baptisé le 31 juillet 1723, mais j’aurais bien aimé confirmer l’identité des parents avec les contrat de mariage ! Il semblerait alors qu’il soit né catholique.
    Baptême de François CERVEAU – Registre paroissial de Sancerre – Archives du Cher – 3E 1031

    Jeanne HUGUET

    Jeanne HUGUET (sosa 355 de mon mari) est décédée le 15 août 1823 au Bas-Bourg de Menetou-Salon à l’âge de 70 ans. Ce sont des voisins qui viennent déclarer le décès. Elle épousa Jean CAILLER, un vigneron, le 3 février 1722 à Ménetou-Salon, alors qu’elle était originaire d’Ivoy-le-Pré. Tous étaient orphelins, leurs curateurs s’étaient mis d’accord sur les termes du mariage. Fait assez rare, ils ont obtenus une dispense : un seul ban sera publié au lieu des trois réglementaires. Cet empressement est étonnant alors qu’aucun enfant n’est né rapidement ensuite. A moins que le Carême n’ait été trop proche ?

    Localisation de ces ancêtres dans l’arbre de nos enfants
  • Mes ancêtres

    Le 6 juillet 1823 décédait Solange JAMET

    C’est à 6 heures du matin au hameau de La Bussière à Villegenon (18) que Solange JAMET âgée de 62 ans décède. Son époux François BEDU l’avait précédée de quelques mois. Parmi les deux témoins nous retrouvons Sylvain BEDU, laboureur âgé de 24 ans, son fils et aïeul de mon mari. Il était le plus jeune d’une fratrie ayant compté au moins neuf enfants. Il aura malheureusement une vie bien courte et décèdera neuf ans plus tard, laissant une veuve et deux petites orphelines.

    A gauche, acte de décès de Solange JAMET – 3E 2460 – AD18. A droite, église de Villegenon

    Revenons rapidement sur la vie de Solange. Elle est née en 1759 à Concressault, bien que ses parents aient vécus de longues années à Barlieu. Fait insolite dans notre généalogie : sa mère Christine RENARD était la sage-femme de la paroisse de Barlieu.

    Mention de la profession de sage-femme sur l’acte d’ondoiement de sa petite-fille – Edepot 231 – AD18

    Solange épouse François BEDU le 12 février 1779 à Barlieu. Tous deux étaient mineurs, 19 ans pour elle et vingt-trois ans pour lui. Ils resteront dans cette commune un peu moins de 10 ans, et déménagent entre 1787 et 1789 à Pierrefite-es-Bois, au hameau des Naudets. Ils vivront au moins jusqu’en 1801 dans cette commune située dans le département voisin du Loiret, avant de finir leurs jours à Villegenon.

    * toutes les communes citées se trouvent dans un rayon d’une dizaine de kilomètres

  • Considérations généalogiques,  Vu lu entendu

    Une belle édition 2023 du Salon de généalogie Paris XVème

    C’est avec plaisir que j’ai participé pour la seconde fois au salon généalogique qui se tient à la mairie du XVème arrondissement de Paris. Ma première participation était en mars 2020, soit quelques jours avant le confinement…

    Quatre très bonnes conférences

    Je n’avais pu suivre qu’une présentation en 2020, mais cette année en restant deux jours j’ai pu assister à quatre conférences, qui étaient (je vais le dire tout de suite) toutes très intéressantes.

    Un ancêtre blessé lors des guerres de 1870 et suivantes, comment retrouver son histoire ?

    Sandrine Heiser a présenté, à partir d’exemples concrets, les fonds que l’on peut consulter lorsque l’on souhaite retrouver la trace d’un blessé de guerre. Elle a bien entendu parlé du SAMHA que j’avais contacté pour mon arrière-arrière-grand-père Justin LEGER, blessé durant la première guerre mondiale ; mais d’autres ressources telles que les fonds des Invalides et les archives communales peuvent apporter des informations.

    Cela m’a fait réaliser que je n’ai toujours pas commencé à chercher si mes ancêtres (ou leurs frères) avaient participé à la guerre de 1870-71. J’ai pourtant lu plusieurs articles et suivi deux conférences en ligne de Jérôme Malhache à ce sujet (au moment où j’écris cet article elles sont encore disponibles ici et ).

    Créer un blog de généalogie

    Pour cette conférence, nous étions plusieurs blogueurs à venir soutenir notre copain Sébastien / Marques Ordinaires. qui m’avait d’ailleurs dédicacé le guide du même nom. Il y avait du monde dans la salle, de tous âges. Peut-être verrons-nous bientôt de nouveaux blogs de généalogie ? Sébastien a gentiment mis en ligne sa présentation pour celles et ceux qui n’ont pas pu venir.

    Irène Frain mène l’enquête sur sa famille et partage ses secrets d’écriture

    Ma première journée s’est terminée avec la conférence de la romancière Irène Frain. Un excellent moment, très déculpabilisant sur l’écriture, et qui m’a donné du peps. J’avais lu « Marie Curie prend un amant » de cette autrice, et j’avais beaucoup aimé le travail de recherches dans les archives et journaux qu’elle avait mené.

    Découvrir les archives hospitalières

    Laurence Abensur-Hazan a présenté les ressources des archives hospitalières, et surtout où les trouver ! Le hasard fait qu’elle a également parlé des archives des asiles alors que j’ai publié récemment un article à ce sujet. Concernant les hospitalisations, un ancêtre Jean BEUCHON avait fini ses jours à l’Hôtel-Dieu d’Orléans, et j’ai des recherches à faire sur Paris où un collatéral Camille Jean Félix LINARD était décédé à l’âge de 22 ans.

    Les stands et les rencontres

    De nombreux stands étaient également présents, tenus par des associations ou des sociétés privées. Je n’avais rien de particulier demander cette année, mais j’ai failli craquer pour l’achat d’un arbre au format papier à compléter. Ce sera sans doute une idée de cadeau.

    Mais les meilleurs moments étaient comme la fois précédente les rencontres entre généalogistes, à la fois la communauté des blogueurs et celles des streameurs ! Un grand merci à tous pour votre bonne humeur, à ma logeuse pour m’avoir évité une nuit d’hôtel et bien entendu à l’éditeur Archives et Culture pour l’organisation de cet événement. L’an prochain aura lieu la 10ème édition du salon, j’ai hâte d’avoir le programme !

  • Mes ancêtres

    Le 20 mars 1823, Ambroise TEILLE épousait Solange CAMUT

    Le jeudi 20 mars 1823 à la Chapelotte (18), Ambroise TEILLE (ou TEILLAY voire TILLIER selon les actes) épouse Solange CAMUT. Ils sont âgés respectivement de 22 et 19 ans. Le père d’Ambroise fut garde-champêtre en la commune de la Chapelotte, Solange est issue d’une lignée de couvreurs.

    Très étrangement le contrat de mariage est daté du lendemain. Tous se sont réunis chez Edmé CAMU, père de la mariée, au lieu-dit « Baradin » accompagnés de Maître BESSON, notaire à Henrichemont. Bien que les deux familles soient plutôt modestes, le notaire consigne les apports de chacun.

    Le contrat de mariage ne s’arrête pas là : les époux constitueront tout d’abord une communauté en y apportant chacun 12 francs. Ensuite, à l’issue de la célébration, les époux rejoindront une société qui comprendra le père d’Ambroise, Henry, sa belle-mère Jeanne PAULIN ainsi que son frère Henry Étienne TEILLAY. Henry TEILLAY père apporte la somme de 300 francs, et les autres membres la somme de 100 francs. Il est prévu qu’à la dissolution de la société chacun prélèvera son apport et l’excédent de manière proportionnelle.

    La société ne restera d’ailleurs pas longtemps sous cette forme car Jeanne PAULIN décèdera un an plus tard, en avril 1824.

    Contrat de mariage d’Ambroise TEILLE et Solange CAMUT – Me BESSON, Henrichemont – Archives du Cher – E 24873. Tous les hommes signent !

    Quoi qu’il en soit notre couple déménage en la Fontaine Gaudry, commune de la Chapelotte (je n’ai pas trouvé d’habitations à cet endroit, source d’un ruisseau qui rejoint ensuite le Vernon). Ils n’auront pas moins de dix enfants, dont des jumelles. Mais comme souvent à cette époque, la majorité de leurs enfants décèderont assez jeunes :

    • Marie Henriette – 1825-1858
    • Les jumelles nées en 1828 : Elizabeth Thérèse qui ne vivra que quelques heures, et Solange Claire qui décèdera en 1883
    • Armantine née en 1830
    • Antoine Frédéric – 1832-1832
    • François, aïeul de mon mari – 1833-1909 (sosa 46)
    • Étienne Prosper né en 1835 ; il a fait son service militaire et est donc décédé à plus de 20 ans
    • Pélagie Rose -1836-1858
    • Justine Sidonie – 1839-1840
    • Joséphine – 1842-1842

    Solange aurait peut-être pu mettre au monde d’autres enfants, mais Ambroise décède le 10 février 1843 à l’âge de 41 ans. Solange se retrouve donc seule pour élever les cinq enfants qui vivaient encore à l’époque. Il a sans doute dû y avoir conseil de famille, encore une recherche à faire !

    Solange finira ses jours chez son fils François qui déménagea au village de Morogues (18).

    Actes de naissance : La Chapelotte, 1791-1801, 3E 908 / 1802-1822 3E 1973
    Acte de mariage : La Chapelotte, 1823-1842 3E 2213
    Contrat de mariage : Me Besson, Henrichemont - E24873
    Actes de décès : La Chapelotte, 1843-1852 3E 2215 / Morogues, 1873-1887 3E 5105
    
  • Mes recherches

    Les archives de l’asile de Bourges

    Lors de ma visite aux archives départementales du Cher en octobre 2022, j’ai pour la première fois effectué des recherches dans les archives hospitalières, qui comprennent les archives des asiles.

    A Bourges, les « aliénés » furent tout d’abord placés à l’hospice de St Fulgent, dans un bâtiment aujourd’hui réaffecté. En 1865 il fut décidé de construire un nouvel asile, car comme le précise un docteur, « les aliénés ont besoin de d’air et de pouvoir travailler ». Le site de Beauregard est choisi ; la construction débute en 1874 et les derniers pavillons sont édifiés en 1895.

    Plan général de l’Asile d’aliénés de Beauregard, fin du XIXè siècle – Conseil Départemental

    Mais revenons à l’asile de St Fulgent pour mes recherches.

    Les listes nominatives semestrielles – l’exemple de Jacques BEAUNEZ

    Ces recherches dans les fonds de l’asile de Bourges, avaient avant tout pour but de chercher le dossier de Jacques BEAUNEZ, le frère de mon aïeule Rosalie BEAUNEZ, dont je savais qu’il avait été interné à l’asile St Fulgent (mention d’une facture dans un inventaire après décès) et qu’il y était décédé.

    Malheureusement les dossiers individuels concernant la période où il s’y trouvait n’ont pas été conservés. J’ai par contre pu consulter les listes semestrielles, envoyées deux fois par an au préfet et qui donnaient quelques informations concernant les aliénés :

    • Le nom et le prénom de l’aliéné
    • Son numéro de matricule
    • Son âge
    • Son domicile
    • Son placement : qui a donné l’ordre, à quelle date et quelle est la date d’entrée
    • Des observations : ici des informations sur la dangerosité par exemple
    • L’état mental : sorte de diagnostic très succinct

    J’ai ainsi appris que Jacques BEAUNEZ a été interné à la demande du préfet en mars 1872 (malheureusement selon les listes les dates peuvent différer de quelques jours). Il souffrait de manie chronique, et selon le semestres était ou non dangereux. Ces informations sont moins fournies que celles des dossiers, mais elles m’ont permis d’en savoir plus sur ce dont il devait souffrir.

    Listes semestrielles de l’hospice de St Fulgent – 1866-1875 – 1X/368 – Archives du Cher

    Les dossiers individuels – l’exemple de Jacques TOULLERON

    Bien que n’ayant pas trouvé de dossier de Jacques BEAUNEZ, j’ai feuilleté quelques dossiers pour voir ce qu’ils pouvaient contenir, et j’en ai choisi un au hasard pour vous le présenter.

    Le premier élément du dossier est le procès verbal d’arrestation dressé par la gendarmerie. « Arrestation de Mr TOULLERON Jacques, journalier atteint d’aliénation mentale en vertu d’un réquisitoire de Mr le maire de la commune de Nançay, pour le conduire au dépôt à Bourges. » Y sont détaillées les raisons de l’arrestation : une intrusion lors du Conseil Municipal et précédemment une altercation chez le curé du village, alors qu’il était armé d’une faux.

    Vient ensuite un bulletin de renseignements fourni par le maire de Nançay. Quelques éléments intéressants pour un généalogiste, notamment sur son épouse et ses trois enfants âgés de 3 à 16 ans. On y apprend également que ses parents sont décédés, et que lui-même il est indigent. Quelle triste vie a dû vivre cette famille…

    Dossier de placement de l’hospice de St Fulgent – 1853-1858 – 1X/384 – Archives du Cher

    Vient ensuite le placement, décidé dans un arrêté du 27 mai, le lendemain de l’arrestation. On y apprend notamment que Jacques TOULLERON y sera placé aux frais de la commune. Le 28 mai, le médecin de l’hospice l’examine ; il diagnostique une manie chronique motivant un séjour à l’asile.

    Deux courriers du maire de la commune de Nançay (l’un avant, et l’autre après son placement) justifient la demande qu’il a faite. Plusieurs villageois auraient été menacés de « périr par ses mains ». Même si jusqu’à ce jour il n’a fait de mal à personne, il vagabonde dans la commune avec un « instrument » en main. Voici la transcription du second et dernier courrier envoyé par le maire :

    Par une note que vous avez écrite sur une lettre que j’ai eu l’honneur de vous adresser en date du 9 mars dernier, vous m’avez autorisé à prendre les mesures nécessaires pour prévenir tout accident dans le cas où la folie de Toulleron Jacques habitant de ma commune prendrait un caractère dangereux. J’ai cru ce moment arrivé, et j’ai requis M le Brigadier de Gendarmerie de Neuvy de l’arrêter et de le faire transporter au dépôt de Bourges ; voici ce qui m’a décidé à prendre ce parti :

    Toulleron est doté d’une force remarquable et se refuse à toute espèce de travail, il parcourt les campagnes et se fait nourrir par les habitants du voisinage. Je suis porté à croire qu’il exploite un peu l’intérêt qu’il peut attacher à sa position, il n’est pas avéré pour moi qu’il soit tout à fait aussi insensé qu’il le paraît. Hier pendant la séance du Conseil de l’Hospice, qui a eu lieu à la suite de la séance du Conseil Municipal Toulleron s’est introduit dans la salle des délibérations et pour me débarrasser de ses importunités, j’ai été obligé de lire une lettre qu’il m’avait déjà souvent présentée. Je la lui ai rendue en lui disant que cette lettre de disait rien de nouveau sur l’affaire […]. Il est resté un instant derrière ma chaise puis allongeant le bras il s’est emparé des comptes de l’Hospice que le conseil était à même d’examiner, en disant que ces papiers lui appartenaient et que c’était son contrat de mariage. J’ai eu beaucoup de peine à lui reprendre ces papiers, et ce n’est que difficilement que nous l’avons expulsé de la salle des délibérations, malgré sa résistance.

    J’ai pense que, à quelque point de vue que l’on se place, il était nécessaire de le faire arrêter et conduire à Bourges : s’il est réellement aliéné pour lui faire subir un traitement, et s’il ne l’est pas pour lui faire subir au moins quelques jours de présence.

    De ce que j’ai pu voir, les dossiers individuels se terminent toujours de deux manières : soit un certificat de décès lorsque l’aliéné est décédé à l’asile, soit un certificat médical lorsque le médecin estimait qu’il pouvait rentrer chez lui.

    Assez mystérieusement le dossier de Jacques TOULLERON contient les deux… Le 8 juin 1857, soit 10 jours seulement après son placement, le médecin rédige un certificat médical dans lequel il estime que Jacques est plus calme et est à présent en état de sortir de l’asile. Mais le même jour est dressé un bulletin de décès qui précise que Jacques TOULLERON s’est suicidé par strangulation… Étrange alors qu’il allait rentrer chez lui ?

    Pour le département du Cher, les archives des asiles sont conservées en Série X : Assitance et prévoyance sociale / 1X – Administration hospitalière. J’ai également découvert en rédigeant cet article qu’un bénévole a pris en photo des dossiers individuels qui ont été mis en ligne sur Geneanet ! Le dossier de Jacques TOULLERON y est accessible et a été indexé.

    Dossiers de placement de l'hospice de St Fulgent - 1853-1858 - 1X/384 - Archives du Cher.
    Listes semestrielles de l'hospice de St Fulgent - 1866-1875 - 1X/368 et 1876-1881 - 1X/369 - Archives du Cher.
    Département du Cher
  • Mes ancêtres,  Mes recherches

    L’histoire d’amour entre Ernest BERTHET et Valentine THEPIN a mal fini

    Pierre Ernest BERTHET nait le 28 mars 1866 à Vignoux-sous-les-Aix (18). C’est le petit frère de Théophile l’arrière-arrière-grand-père de mon mari.

    Il connaîtra peu son père qui décède alors qu’il n’est âgé que de quatre ans. La famille déménage pour rejoindre leur grand-père Jean-Baptiste BEDU, l’ancien maire de Morogues à qui j’avais déjà consacré un article, tout juste veuf.

    De sa jeunesse je ne sais pas grand chose, car il manque une année de recensement sur la commune de Morogues. Sur sa fiche matricule on apprend qu’avant ses vingt ans il est ouvrier boulanger et qu’il travaille aux Aix d’Angillon. Je sais aussi que vers l’âge de 17 ans il commence à fréquenter Valentine THEPIN, la fille unique du charpentier du bourg, Charles THEPIN.

    C’est au printemps 1887 que Valentine, âgée de 18 ans, doit se rendre compte qu’elle est enceinte ; elle en fait sans doute part à Ernest qui lui avait déjà parlé de mariage il y a peu de temps. La grossesse se déroulait-elle mal ou bien était-elle trop honteuse ? Au cours du mois de mai Ernest se rend chez plusieurs pharmaciens pour se procurer de quoi provoquer un avortement. C’est finalement un horloger qui, sans trop réfléchir, lui fournit de l’acide oxalique ; un produit détachant et qui élimine la rouille… Ernest fait donc boire à Valentine « un liquide inconnu », puis une poudre dans un verre de vin blanc. Pour ne pas être découverte par ses parents, elle se rend chez une voisine « la femme POISSON » pour boire la mixture. Cette dernière lui aura aussi de son propre chef administré une tasse d’eau de savon.

    La grossesse se poursuit mais Valentine est de plus en plus malade, en proie à des vomissements répétés et des diarrhées. Sa mère s’inquiète et Valentine lui avoue enfin être enceinte d’Ernest, avec qui elle entretient des relations depuis quatre ans.

    Le 11 octobre 1887, Valentine accouche finalement d’un petit Désiré Isidore Abel, né de père inconnu. C’est son oncle Lucien ALFROY, journalier à Morogues qui déclare la naissance. Douze jours plus tard le petit Désiré décède. Et hélas l’état de Valentine ne s’arrange guère.

    Le 5 novembre Ernest part à Nevers pour y faire son service militaire. Neuf jours plus tard Valentine décède. Le lendemain, son père dont on imagine la douleur d’avoir perdu sa fille unique, apprend par l’époux POISSON la triste histoire et dépose immédiatement plainte à la gendarmerie. Une autopsie est réalisée par le docteur LONGUET, qui découvre que le foie de Lucie est atrophié, les lésions ressemblant à l’atrophie jaune, que l’on rencontre plus souvent dans les pays chauds, mais qui pourrait être liée à l’ingestion d’acide oxalique.

    Le 20 novembre Ernest est arrêté puis jugé le 1er février 1888. Ses antécédents ne jouent pas en sa faveur : il semblait avoir une grande influence sur Valentine, lui aurait soutiré de l’argent, promis de l’épouser et menacé de la quitter si elle ne prenait pas les drogues pour l’avortement. Il n’est pas condamné de suite. Il passe une nouvelle fois devant le juge, et un médecin légiste parisien vient donner une contre expertise. Il semblerait qu’une bonne partie de la séance ait été prise par la discussion entre les médecins. Mais Ernest est finalement condamné à 18 mois de prison fin mars 1888 « pour avoir occasionné à autrui une maladie en lui administrant volontairement une substance nuisible à sa santé.

    Les déboires judiciaires entre la famille BERTHET et THEPIN connaîtront une suite malheureuse, relatée par les journaux. Le 1er janvier 1893 le père de Valentine a sans doute un peu bu et confondant sans doute Ernest avec une autre autre personne, il vient à sa rencontre. Le journal précise que Charles vient trouver Ernest « avec lequel il est très mal », ce que l’on imagine sans peine. Ernest est surpris et répond un peu brusquement, Charles THEPIN s’emballe. Le frère d’Ernest, Théophille, arrive à ce moment et pense que son frère est menacé, il empoigne Charles THEPIN et le fait tomber à terre. Il sera condamné à 50 francs d’amende.

    Le 28 octobre 1896, Ernest sera réhabilité par la cour d’appel de Bourges de cette condamnation.