Le métier de vignier
En ce mois de mars, les généalogistes sont invités à présenter un métier occupé par nos ancêtres.
Avant de décrire le métier que j’ai choisi, voici le contexte dans le quel je l’ai découvert pour la première fois : Louis MOREUX, mon sosa 172, est un vigneron habitant Sury-en-Vaux. Jusque-là, rien de plus ordinaire car un très grand nombre de mes ancêtres sont vignerons et vivaient à Sury-en-Vaux. Mais, alors qu’il est décédé depuis quatre ans déjà, son fils Germain MOREUX se marie et cette fois-ci la profession de Louis n’est plus vigneron … mais garde-vignier !
Mariage de Germain MOREUX et Geneviève BERTRAND – 3E 2427 – Archives du Cher
Vous l’aurez donc compris, je vous présente aujourd’hui le métier de vignier, qui vous l’imaginez est en rapport avec la vigne. Pour trouver une traduction plus compréhensible, il faut aller chercher un dictionnaire de berrichon. Nous y apprenons alors que le vignier est un garde-vignes [1].
Mais me diriez-vous, pourquoi garder les vignes ? A l’approche des vendanges, il était d’usage de nommer des gardes temporaires pour surveiller les vignes . Le but était de les protéger avant tout des vols, mais aussi des bêtes qui pouvaient s’introduire dans les parcelles. Ils étaient généralement nommés par le conseil municipal et payés par les propriétaires.
Si le garde-vignes venait à attraper un voleur, il le remettait ensuite à un magistrat. Bien qu’équipé d’une lance, son rôle était avant tout défensif [2, 3]. Dans d’autres régions, ce métier est également nommé messier.
Au cours de mes recherches, je suis tombée sur une petite pépite dans l’ouvrage « Les Coustumes générales des pays et duché de Berry » [4] ; à l’article III du chapitre « vignerons » il est question de garde-vigne :
« Le devoir desdites gardes est d’empescher qu’aucun entre és vignes ou champs qu’ils gardent, de prendre et saisir ceux qu’ils trouveront en présent dommage, les amènera au Magristrat, leur oster les fruicts qu’ils auront desrobez. S’ils ont prins derniers pour les laisser eschaper ou les bestes qu’ils auront prinses en faisant dommages, ils vent estre punis griefuement. Par l’Ordonnace de Cremieu, il appartient aux Pevosts de commettre les Messiers et gardes des commis pour la conservation des vignes et autres fruicts et biens au temps qu’ils sont de garde, et recevoir le serment d’eux.
Et vous, avez-vous rencontré ce métier ?
[1]. Vocabulaire du Berry et de quelques cantons voisins. Librairie encyclopédique Roret. 1842. [2] Paysans du Berry : la vie des campagnes berrichonnes. Daniel Bernard. 1982. 206 p. [3]. Métiers de la vigne et du vin. Nos ancêtres - Vie & Métiers - n°34 - novembre / décembre 2008. [4] Les Coustumes générales des pays et duché de Berry, avec les annotations de Gabriel Labbé S.r de Montveron (1607).
10 commentaires
Philippe Durut
Bonsoir Elodie
Je ne connaissais pas ce métier.
Merci pour la découverte.
Elodie
Je ne l’aurais jamais imaginé si je ne l’avais pas croisé par hasard !
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Yann
Quel bon choix de thème de la part de Sophie, cela nous permet de découvrir pleins de métiers plus ou moins oubliés et d’avoir des articles intéressants et instructifs à lire.
J’ai dû mal à tout comprendre dans le texte. Le passage « S’ils ont prins derniers pour les […] » est obscur pour moi.
Merci pour ce nouveau métier 🙂
Elodie
J’ai également un peu de mal à comprendre tout ce qui est écrit…
venarbol
Les gardes-forestiers étaient arrivés jusqu’à nous, mais pas les gardes-vigniers. Voilà un oubli réparé ! Il est bien agréable de se cultiver au travers des blogs de généalogie.
Elodie
J’aime beaucoup tous ces petits métiers oubliés..
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Sirius
J’avoue que je découvre ce métier! Je me pose une question: la vigne ne portant du raisin consommable que durant un bon mois, deux si les vendanges s’éternisent, que faisait votre ancêtre « garde-vignier » le reste de l’année? Sachant, de plus, que durant la période précédant la vendange, la vigne ne nécessite aucun soin, le vigneron ne pouvait-il effectuer ce gardiennage lui-même?
Elodie
D’après ce que j’ai lu, ainsi que les renseignements que je possède sur cet ancêtre, je pense qu’il était en effet vigneron le reste du temps et qu’à l’approche des vendanges il s’occupait du gardiennage pour la commune.J’ai trouvé trace d’un autre garde-vignes à Azy, mais il y en a certainement bien d’autres ! Comme c’était souvent le conseil municipal qui le désignait, des archives communales permettraient peut-être d’en savoir plus…