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I… Infanticide

Aujourd’hui nous quittons la vie de Jean pour faire une peu de généalogie descendante. Nous reparlerons plus tard en détail de la vie de Rosalie BEAUNEZ, mon aïeule qui eu deux fils de son premier mariage avec Louis LINARD : Louis, mon ancêtre, et Jean-Baptiste. Alice (de son état civil Marie Alice) est la fille aînée de son mariage avec Pauline DUBOIS.

Alice nait en 1887, mais l’affaire dont il s’agit s’est déroulée en 1907 et fut relatée dans les journaux de l’époque.

Alice travaille alors comme domestique pour Mr et Mme AURAT, qui habitent place de la Halle à Sancerre. Lui est banquier.

Le 1er octobre 1907, après avoir discuté avec des voisins ayant vu le ventre d’Alice s’arrondir, Mme AURAT se décide à lui parler et la presse de quitter son poste dès le lendemain.

Alice proteste et lui promet de rapporter un certificat du médecin. Elle se rend alors le 2 octobre chez le le docteur MALFUSON, qui lui apprend qu’elle sera mère sous quinze jours. Ne pouvant donc présenter de certificat, Alice indique à sa maîtresse qu’elle partira sous peu.

Le matin du 4 octobre, c’est une Alice très pâle qui descend vaquer à ses occupations. Une voisine lui en fait la remarque, Alice répond qu’elle a mal dormi. La voyant souffrante, on fait venir le docteur CHAMAILLARD, et Alice ne peut qu’avouer avoir accouché dans la nuit, aux environs de 9 heures du soir. Tous montent dans sa chambre et trouvent dans son lit le corps d’une petite fille, dans des draps ensanglantés. D’après l’examen du docteur, le nouveau-né a une marque au cou… ce dernier aurait pu être étranglé à l’aide d’un cordon, retrouvé dans la chambre.

Alice est transportée à l’hospice…

La halle n’existe plus aujourd’hui

Le jugement pour infanticide se tient trois mois plus tard, le 6 janvier 1908, à la cour d’assises du Cher.

Alors que l’on s’attend à voir arriver une « pauvre » domestique, voici la description que le journaliste de la Dépêche du Cher nous en fait :

« C’est une grande jeune fille brune, assez gentillette. Elle pleure et se passe constamment son mouchoir blanc sur les yeux. Elle est vêtue d’une jupe noire, d’une jaquette de la même couleur, et un boa noir lui entoure le cou et tombe sur sa poitrine. Elle est coiffée d’un chapeau gris à plumes blanches pointées de noir. En un mot Alice Linard n’a point du tout l’air d’une domestique. On dirait plutôt une demoiselle de magasin ou une couturière dans sa robe de tous les jours ».

L’interrogatoire commence. On demande à Alice si elle a quitté son ancien emploi pour mauvaise conduite, ce qu’elle dément. On lui pose d’autres questions dans le but d’identifier le père de l’enfant, alors même qu’Alice est fiancée avec l’un de ses cousins habitant Châlon-sur-Saone. Mariage qui fut repoussé à novembre…

On lui pose ensuite des questions sur la nuit de l’accouchement. Elle répond de manière évasive, dit ne pas s’être occupée de l’enfant après la naissance. Elle ne répond pas à l’accusation de l’avoir étranglé, mais nie s’être couchée dessus dans l’intention de la tuer.

Ce qui choque le juge et les témoins, c’est qu’elle n’ait fait aucun préparatif pour l’arrivée de l’enfant après avoir vu le docteur MALFUSON. Elle répond avoir pensé disposer de plus de temps.

Enfin vient le tour du docteur CHAMAILARD de témoigner. Il est formel, l’enfant était viable et est mort d’asphyxie. Mais il ne peut conclure avec certitude à l’étranglement. Est-ce ce doute qui a influencé le jury ?

Le président demande de condamner Alice pour homicide par imprudence. Le substitut du procureur rajoute qu’Alice Linard s’est donnée par vice, alors qu’elle était fiancée à un brave garçon, son cousin. Le ministère public ne voit aucune excuse dans le crime commis. L’avocat d’Alice, Maître BEAU demande l’acquittement … le jury se retire puis donne son verdict : acquittement.

Brouhaha dans la salle !

Car ce que je ne vous ai pas dit, c’est que la séance précédeat le jugement d’Alice portait déjà sur un infanticide. Commis cette fois-ci par Clémentine RIVIERE, une prostituée. Et alors même que le médecin ayant réalisé l’autopsie du nouveau-né ne pouvait exclure un accident, cette dernière fut condamnée à trois ans de prison…

En relisant le compte-rendu de la séance au tribunal concernant Alice, je me demande si de nos jours on n’aurait pas identifié un déni de grossesse. Que d’histoires tragiques à l’époque où la contraception n’existait pas. ..

Journal du Cher - Retronews : 9 octobre 1907, 6 janvier 1908
La Dépêche du Berry - Retronews : 6 janvier 1908 ; 8 janvier 1908
L’Indépendant du Cher - Retronews : 9 janvier 1908

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