• Mes ancêtres,  Vieux métiers,  Vu lu entendu

    Cuir, une matière à fleur de peau [Exposition]

    Comme chaque année, j’ai eu le plaisir de visiter l’exposition temporaire proposée par l’Écomusée du Pays de Rennes. Cette fois-ci, le thème choisi résonnait particulièrement avec mes recherches généalogiques : la découverte du cuir, de l’animal aux objets réalisés avec cette matière. Bien que le cuir ne soit pas présent dans mon arbre, des ancêtres de mon mari furent tanneurs à Boisbelle (Henrichemont, 18). J’avais d’ailleurs évoqué ce sujet dans l’article sur Marie Joséphine GRANGER.

    Le processus du tannage

    Le tannage est un processus complexe comportant une succession d’étapes réalisées au sein de la tannerie. Grâce à cette exposition, j’ai pu mieux comprendre les diverses cartes postales que j’ai réunies sur les tanneries de Boisbelle.

    • Le reverdissage : étape de nettoyage des peaux, se faisant d’abord sur des piquets au milieu des rivières, puis dans des foulons de bois à partir de la moitié du XIXe siècle.
    • L’épilage : les peaux passaient dans des bains de chaux de plus en plus concentrés, ce qui attaquait le bulbe pileux. Après rinçage, elles étaient ébourrées avec un couteau spécifique ; un autre outil servait à extraire l’eau chargée de chaux.
    • L’écharnage : cette étape consistait à éliminer les morceaux de chair et de graisse encore attachés à la face interne de la peau. Cette opération était délicate pour éviter de trouer la peau ou enlever trop de matière.
    • Le gonflement des peaux : réalisé dans des bains acides fabriqués à partir d’écorces déjà utilisés pour le tannage, cette étape préparait la peau pour favoriser la pénétration des tannins.
    • Le tannage : l’ultime étape de préparation de la peau en cuir. Elles étaient déposées dans des fosses et laissées plusieurs mois au contact d’écorces de chêne broyées finement (le tan). Une fois les opérations terminées, les restes d’écorces « la tannée » étaient enfin conservés en galettes pour en faire des combustibles.
    • Le corroyage : séchage des cuirs, qui était réalité dans des greniers (corroiries) aux volets inclinables pour les protéger du soleil, ce qui pourrait les noircir. Le cuir était très dur après cette étape ; il était généralement assoupli, sauf pour les semelles de chaussures où il était battu pour les rendre plus fermes.
    • Le finissage : application de matières grasses pour assouplir le cuir (suif, huiles végétales et minérales ou de poisson). On apposait parfois la marque d’un tampon sur une des faces.

    Paiement au poids ou à la surface ?

    Les tanneurs achetaient les peaux au poids et revendaient le cuir au mètre carré, entraînant des conflits avec les bouchers qui laissaient souvent des parties inutiles (crottes, mamelles, museau) sur les peaux fraîches. Le tanneur, lui, cherchait à étirer au maximum la surface des cuirs.

    D’autres informations autour du cuir

    D’autres métiers étaient liés à la fabrication du cuir. Comme nous l’avons vu, le processus de tannage nécessitait de grandes quantités d’écorces ; ainsi le métier d’écorceur était-il intimement lié à la production du cuir.

    De nombreux documents étaient présentés dans l’exposition, en provenance des archives d’Ille-et-Vilaine, du musée de Bretagne… Nous avons également été impressionnés par la statue de Saint-Barthelemy du XVIe siècle venant de Cléguérec. L’apôtre y est représenté portant la dépouille de sa peau puisqu’il fut écorché vif.

    L’exposition portait également sur les tanneries de Rennes, présentait différents objets réalisés en cuir : pour tout découvrir, je vous invite à vous y rendre !

    Pour vous rendre à l’exposition

    L’exposition se tient du 24 novembre 2023 au 1er septembre 2024 aux horaires d’ouverture de l’établissement. L’entrée est gratuite jusqu’à 26 ans, le plein tarif est de 4 €. Pour en savoir plus, le site de l’exposition est disponible ici.

  • Mes recherches

    Jean Thomas LAUGERAT, élève de l’hospice de Bourges

    Une fois n’est pas coutume, nous allons nous intéresser aujourd’hui à l’arbre de mon mari, et plus particulièrement à Jean Thomas LAUGERAT son sosa 48. Nous remontons ici la branche de son grand-père maternel, une lignée de maçons. Lignée qui s’arrête (ou plutôt qui débute) avec cet ancêtre…

    Le vingt et un décembre 1822, à onze heures du soir en la commune d’Henrichemont (18), Marie LAUGERAT jeune domestique de vingt deux ans met au monde Jean Thomas. Elle vit alors chez ses parents et est assistée d’une jeune sage femme, Louise MOREAU. Comme précisé sur l’acte de naissance, le père de Jean Thomas n’est pas connu.

    Six ans plus tard, Marie LAUGERAT épouse Silvain CHERRIER un tisserand d’Henrichemont. Jean BORNAJON, qui était l’un des témoins de la naissance de son fils est également témoin du mariage. Jean LAUGERAT ira ensuite vivre avec sa mère et son beau-père jusqu’à ses quatorze ans au moins.

    Cinq ans passent…

    Jean LAUGERAT n’est plus présent avec sa mère dans les recensements. Pour ses vingt ans, il participe comme tous les jeunes hommes de sa classe au tirage au sort pour le service militaire. Il est enregistré au bureau de Bourges… et pour cause : il est élève de l’hospice de Bourges. Il sera exempté à cause de sa taille.

    Nous retrouvons ensuite Jean LAUGERAT le vingt sept octobre 1844 à Henrichemont pour son mariage. Sa mère est présente et consent à l’union ; elle est alors pâtissière. L’un des témoins n’est autre que Sylvain CHERRIER son beau-père, lui aussi pâtisier.

    Il épouse Marie Joséphine GRANGER, fille d’une famille de tanneurs à Boisbelle, en cette même commune d’Henrichemont. Il ira d’ailleurs s’installer à Boisbelle, à proximité de ses beau-parents, où il exercera le métier de maçon, déjà mentionné lors de son mariage.

    Le mariage se fit avec le consentement d’un tuteur « des enfants trouvés et abandonnés » et revêtu du sceau de la commission administrative des hospices de Bourges et signé Mayel-Genetry.

    boisbelle

    Que s’est-il donc passé durant son placement à l’hospice ? Marie LAUGERAT était-elle trop pauvre pour élever son enfant ? Jean a-t-il appris le métier de maçon avec son tuteur ? Avait-il des contacts avec sa famille ? Autant de questions qui n’auront sans doute jamais de réponse, car les archives des enfants placés conservées aux archives du Cher ne remontent pas jusqu’à cette période.

    Jean et sa femme auront au moins 10 enfants.

    Marie LAUGERAT décède en 1873, mais Jean ne recevra aucune succession car sa mère avait tout légué à son époux.

    Composition de la succession de Marie LAUGERAT

    Jean LAUGERAT et Marie GRANGER termineront leur vie dans un certain dénuement puisqu’ils sont tous deux notés indigents dans les les tables de succession et d’absence. Jean LAUGERAT recevra même une pension, alors que peu sont distribuées dans le département !

    En haut : table des successions et absence. En bas à gauche L’indépendant du Cher 31/12/1898. En bas à droite le Journal du Cher 01/01/1899

    Article publié le 1er mars 2014 et mis à jour le 21 décembre 2022

    Actes de naissance d'Henrichemont - 3E 1996
    Actes de mariage d'Henrichemont - 3E 2274
    Actes de mariage d'Henrichemont - 3E 2000
    Recensement d'Henrichemont - 27J 0082 p28
    Table des successions et des absences - Bureau d'Henrichemont lanvier 1904-décembre 1918 1Q 12107
    Registres des déclarations de mutation après décès 25 septembre 1872-27 janvier 1874 1Q 5896 - Archives du Cher
  • Challenge

    Q… Qu’est devenue Marie LAUGERAT ?

    Marie LAUGERAT est la mère de Jean Thomas, qui fut placé à l’hospice de Bourges ; nous en avions parlé il y a quelques jours. Six ans après lui avoir donné naissance, elle épousa Silvain CHERRIER.

    Elle a déjà participé à mon challenge AZ, l’article est ici.

    Lors du recensement de 1872 elle est âgée de 70 ans, et vit à Boisbelle avec son époux Sylvain CHERRIER, âgé de  66 ans. Ce dernier fut tisserand puis pâtissier ; je pensais  qu’il avait exercé ce métier jusqu’à la fin de ses jours, mais dans le recensement il est noté aubergiste. Et sur son acte de décès en 1878 il exerçait la profession … de voiturier !

    Pour en terminer avec ce recensement, Marie BODIN, une domestique vit avec eux.

    Quant à Marie LAUGERAT, elle meurt en 1873.

  • Challenge

    E… Élève de l’hospice de Bourges

    Nous en arrivons aujourd’hui à Jean Thomas LAUGERAT. J’ai déjà consacré un article à cet ancêtre, je vous invite à le lire ici pour ne pas me répéter. C’est l’un de nos ancêtres né de père inconnu, mais celui-ci fut placé à l’hospice de Bourges où il y apprendra le métier de maçon. Nous retrouverons sa mère pour la lettre Q.

    En 1872, Jean Thomas vit à Boisbelle sur la commune d’Henrichement. Il est âgé de 50 ans et y est toujours maçon. Sa femme Joséphine Marie GRANGER, âgée de 51 ans, est présente ainsi que trois fils : Jean 23 ans, Auguste 12 ans (aïeul) et Baptiste Remi 8 ans.

    Leur fille aînée Marie Françoise (renommée Joséphine). Vit avec son mari Jérémie DUBOIS journalier et leur fils de 18 mois, Louis.

    Il me reste des recherches à faire sur Jean Thomas, recherches qui ne peuvent être faites que sur place aux archives de Bourges. Je devrais y trouver le dossier de placement de Jean Thomas à l’hospice de Bourges, qui devrait m’en apprendre plus sur les conditions de son arrivée.

  • Challenge

    M comme … Marie LAUGERAT, gâtelière à Boisbelle

    Nous changeons une nouvelle fois de lieu et d’arbre pour explorer celui de mon mari. Nous rejoignons la ville d’Henrichemont au XIXème sicèle, pour retrouver Marie LAUGERAT.

    Comme introduction, je vais simplement vous copier un paragraphe rédigé pour un précédent article concernant le fils de Marie LAUGERAT, Jean Thomas LAUGERAT.

    Le vingt et un décembre 1822, à onze heures du soir en la commune d’Henrichemont, Marie LAUGERAT jeune domestique de vingt deux ans met au monde Jean Thomas. Elle vit alors chez ses parents et est assistée d’une jeune sage femme, Louise MOREAU. Comme cela est précisé sur l’acte de naissance, le père de Jean Thomas n’est pas connu.

    Si Marie est notée domestique sur l’acte de naissance de son fils, nous apprenons lors du mariage de ce dernier qu’elle exerce la profession de … pâtissière.

    Car Marie a entre-temps épousé Sylvain CHERRIER, tisserand, fils d’un marchand de gâteaux. Profession qu’il ne tardera pas à exercer, tout comme Marie LAUGERAT qui deviendra également pâtissière. Sur les recensements Sylvain sera tour à tour boulanger, gâtelier… et Marie, boulangère, pâtissière ou gâtelière. Pour une fois, une profession qui n’est pas trop difficile à comprendre !

    Moi qui l’imaginais tenant une jolie boutique dans le bourg d’Henrichemeont, chef-lieu de canton, je pense m’être trompée sur ce point. Car elle habitait en fait dans un hameau rattaché à Henrichemont, Boisbelle (ancienne principauté souveraine, mais je n’irai pas plus loin sur ce point). Pour se faire une idée de ce lieu et sa population, étudions le recensement de 1866 [1] .Rue moulin BoisbelleRue du Moulin à Boisbelle – Commune d’Henrichemont

    A cette époque, Boisbelle compte 366 habitants. On trouve dans le village différents métiers alimentaires : deux boulangers, un boucher, un charcutier. Très étonnamment, quasiment aucun métier en lien avec la terre : deux meuniers, un cardeur, un jardinier et seize journaliers (qui travaillaient peut-être dans les champs). La particularité de Boisbelle, est que ce lieu fut un village de tanneurs : j’en recense cinquante-et-un, ainsi que cinq maîtres tanneurs.

    Je n’ai pas d’autres éléments sur la vie de Marie LAUGERAT si ce n’est qu’elle et son mari exerceront leur activité jusqu’à leur mort.

    [1] Recensement d'Henrichemont, 1866 - Archives du Cher - 6M 0046

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