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    S… Silvain ARDOIN et les trois bougies

    Silvain ARDOIN n’a aucun lien de famille avec Jean BEAUNEZ. Pourtant nous les retrouvons le 14 mai 1859 avec Maître COURSIER, dix jours après que Jean ait dicté son testament, et le lendemain de la rédaction du cahier de charges pour la vente de ses biens.

    L’objectif de ce jour est de donner mandat à Silvain ARDOIN, propriétaire demeurant à Sancergues (à plus de 8 km), de vendre soit à l’amiable soit aux enchères les lots qui ont été définis la veille. Il y a quinze lots au total, le premier est la maison de Jean située aux Chênes, les quatorze autres étant diverses parcelles situées à Herry, dont la localisation a été présentée précédemment.

    Pour sa mission, Silvain ARDOIN aura pour salaire la moitié du « pot de vin » stipulé à l’article 5 du cahier des charges, soit 2,5% des ventes.

    Nous retrouvons nos hommes huit jours plus tard, le 22 mai, après que la vente aux enchères ait eu lieu. Celle-ci n’a pas été très concluante. Sur les quinze lots, seuls deux ont été vendus.

    Le treizième lot fut disputé : après plusieurs enchères Henri et Étienne CROCHET se sont portés acquéreurs (père et fils). Ils sont propriétaires et cultivateurs à la Grange Neuve ; ils achètent les 31 ares situés aux Hâtes pour 960 francs.

     » Trois bougies s’étant éteinte sans qu’aucune nouvelle enchère n’ait été portée, Messieurs CROCHET ont été proclamés adjudicataires indivis ».

    La vente du sixième lot a donné lieu à une anecdote étonnante. Cette fois, ce sont 30 ares de terres au Bourneau qui sont mis en vente. Louis BOUCHARD, garde particulier à Challivoy fait une offre au prix, pour 750 francs. Les trois bougies s’éteignent, il en devient donc acquéreur.

    Vient de moment de signer ; il indique qu’il le sait. Mais finalement….

    « M Bouchard ayant pris la plume et tenté de signé quoi qu’il ait déclaré qu’il le pourrait ce qui a donné lieu à la mention précédente de sa signature n’a pu tracer que les caractères imparfaits ci-dessus, et déclaré ensuite ne pouvoir signer autrement à cause d’un tremblement nerveux causé par l’âge. »

    Cahier des charges, procuration, adjudication - Minutes de Louis COURSIER - Herry - AD18 : avril-août 1859 ; E/23766
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    R… Rue Saint-Fulgent

    Aujourd’hui, nous nous intéressons de nouveau à l’un des enfants de Jean BEAUNEZ, Jacques. Lorsque Rosalie nait en 1841, son demi-frère avait déjà déjà dix-neuf ans.

    En 1856, on retrouve Jacques lors du recensement au hameau du Chêne à Herry. Il y vit avec toute sa famille; aucun commentaire le concernant. Deux an plus tard, le 6 septembre 1858, il est témoin du mariage de son frère Cyprien et de Rose DEBONDANT.

    Le 3 janvier 1859 on dresse l’inventaire après décès de Marie CANDRET, mon aïeule et belle-mère de Jacques. Le notaire donne la valeur de tout ce qu’il y a dans la maison, mais note aussi toutes les dettes. Et j’ai découvert à cette occasion que Jean avait payé pour son fils Jacques des frais à l’hospice des aliénés de Bourges, pour un coût de 122 francs. Pour donner un ordre de grandeur, une génisse (vache qui n’a pas encore eu un veau) et deux porcs valaient 130 francs.

    Extrait de l’inventaire après décès de Marie CANDRET – E/23765 – Archives 18

    Les détails de son séjour à l’hospice des aliénés je ne les ai découverts que récemment lors d’une visite aux Archives du Cher qui détiennent les archives de l’asile de St Fulgent, qui fut remplacé à la fin du XIXème siècle par l’asile de Beauregard.

    Jacques a vraisemblablement fait au moins deux séjours à l’hospice de St Fulgent, puisque dans les listes nominatives fournies tous les semestres à la préfecture il est indiqué que le préfet du Cher a ordonné son placement le 5 mars 1872 et qu’il y est entré le 11 avril 1872 avec le matricule 1388. Il souffre de « manie chronique » et selon les périodes est noté inoffensif ou dangereux. Le terme de manie chronique n’est plus utilisé aujourd’hui, sans doute une forme d’agitation ou plutôt de bipolarité. C’est en tout cas différent de l’épilepsie, de la démence ou de l’imbécilité.

    Les dossiers individuels n’ont malheureusement pas été conservés pour cette période, ce qui aurait permis d’en savoir plus sur les conditions de son placement et sur son décès.

    A la place de l’asile de Saint-Fulgent se tient aujourd’hui le centre d’action médico-sociale (Google street view)

    Jacques décède le 3 février 1879 à l’asile de Bourges, à une heure du matin. Il était alors âgé de 57 ans. Ce sont deux gardiens de l’asile qui vont déclarer le décès.

    Article mis à jour le 14 décembre 2022

    Acte de naissance - Herry - AD18 : 1813-1822, 3E 2005
    Acte de mariage - Herry - AD18 : 1853-1862, 3E 3705
    Acte de décès - Bourges - AD18 : 1879, 3E 4654
    Inventaire après décès - Herry - AD18 : minutes de Louis COURSIER, E/23765
    Recensement - Herry - AD18 : 1856, 27J 0082
    Listes nominatives de l'asile Saint Fulgent - AD18 - 1X/368
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    P… Paulin

    Encore une triste histoire aujourd’hui. Elle concerne Paulin, le jeune frère d’Alice.

    Il n’aura eu qu’une coutre vie, ça je le savais déjà car j’ai trouvé son acte de décès alors qu’il n’avait que 4 ans. Puis j’ai trouvé la raison dans les journaux de l’époque…

    Le 9 novembre 1893, Jean-Baptiste LINARD et sa femme s’absentent de leur maison à Récy, et laissent le petit Paulin seul. Il cherche de quoi jouer, et prend alors une bouteille d’essence, apparemment placée sur la cheminée. L’essence se répand, et bientôt ses vêtements s’enflamment.

    Il sort dans la cour en criant, alertant des voisins. Ceux-ci parviennent à éteindre le début d’incendie, mais lorsqu’ils arrivent à débarrasser Paulin de ses vêtements, il est déjà « atrocement brûlé ». Il succombe plusieurs heures plus tard « dans d’horribles souffrances ».

    Un journaliste de conclure après cette triste description : les dégâts matériels s’élèvent à 80 francs.

    Acte de naissance - Vinon - AD18 : 1883-1892, 3E 5321
    Acte de décès - Vinon - AD18 : 1893-1902, 3E 5771
    La Démocratie du Cher, 17 décembre 1893
    L'indépendant du Cher, 19 décembre 1893
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    O… Où se situent les terres de Jean BEAUNEZ ?

    Lorsque j’ai lu le cahier des charges pour la vente des terres de Jean BEAUNEZ, la tentation était grande en voyant cette liste de lieux-dits d’essayer de localiser les parcelles !

    N’ayant pas pu consulter le cadastre aux archives, par manque de temps et à cause des fermetures, j’ai utilisé les plans du cadastre disponibles en ligne. La carte date de 1829, le cahier des charges de 1859. Il me manque un quart des surfaces que je n’ai pas su localiser, ce n’est déjà pas si mal !

    Extrait du tableau d’assemblage du cadastre – Herry – AD18 – 3P 2549/01
    Extrait de la section C1 de Champalay – Herry – AD18 – 3P 2549/14

    La parcelle la plus au Nord correspond à trois petits ares de vigne situés à Champalay ; les parcelles sont reconnaissables par leur petite taille, et la forme allongée. J’ai bien le nom des propriétaires qui jouxtent la parcelle, mais cela ne m’est pas d’une grande utilité ! On ne trouve plus aucune trace de ce passé viticole aujourd’hui…

    Extrait de la section D1 de la Prée- Herry – AD18 – 3P 2549/17

    Si l’on se rapproche du hameau du Chêne, mais de l’autre côté du canal, on trouve 30 ares aux Bourneaux. Avec ces cartes il faut toujours faire attention, car le Nord n’est pas forcément en haut de la page ! De la même manière j’ai le nom des propriétaires qui se trouvent autour ; je sais donc que la parcelle ne se trouve pas à proximité d’un chemin…

    Extrait de la section A4 des Buteaux- Herry – AD18 – 3P 2549/05

    La parcelle suivante est située aux Hâtes. Deux zones assez proches portent le même nom… Je sais que la parcelle est bordée au couchant par la rue ; ce qui me fait penser qu’il s’agirait du point le plus proche du Chêne (en vert), Les Hâtes situées plus au Nord à proximité de la Prée étant bordées par le canal à l’Ouest.

    Extrait de la section A5 des Buteaux- Herry – AD18 – 3P 2549/06

    Enfin, de nombreuses parcelles sont logiquement situées autour du hameau du Chêne, où a vécu Jean. On retrouve les Ouches, les Grandes Ouches, l’Ouche de derrière, le Champ Luherne et le Champ Brouet.

    Aujourd’hui j’ai cherché la localisation, bientôt je vous présenterai ce qui y était cultivé…

    Minutes de Louis COURSIER - Étude d'Herry - AD18 : testament ; partage testamentaire, avril-août 1859 E/23766
    Plans du cadastre d'Herry - AD18 : Tableau d'assemblage, 3P 2549/01 ; section A4 des Buteaux,3P 2549/05 ; section A5 des Buteaux,3P 2549/06 ; section C1 de Champalay, 3P 2549/14 ; section D1 de la Prée, 3P 2549/17
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    N… Neurasthénique

    Dans cet article, nous allons nous intéresser à quelques enfants de Rosalie.

    Louise « Célestine » PERROY, née en 1871, épouse François Jean Benoît JALLET en 1893. Elle est âgée de 22 ans, il est de 4 ans son aîné et domestique à l’époque. Ils auront deux enfants en 1894 et 1895. Puis Célestine décède en 1900 à l’âge de 29 ans.

    François Jean Benoît décide de se remarier après un peu plus d’un an de veuvage. Le 19 mai 1901 il épouse… sa belle-soeur Françoise Rosalie PERROY.

    Ils auront au moins quatre enfants ensemble. François Jean Benoît a dû partir en premier car Françoise Rosalie est veuve lors de son décès. Ce dernier a été rapporté le 19 juin 1919 dans les journaux.

    La dépêche du Berry – 19 juin 1919

    Fait étonnant, mon aïeul Louis LINARD, son demi-frère, s’est également suicidé par noyade en 1936. Y aurait-il une influence génétique ?

    Autre similarité entre frère et sœurs : après la décès de Julien Henri PERROY au tout début de la guerre de 1914, sa veuve s’est remariée avec son beau-frère Jacques Jules. Ils auront attendu la fin de la guerre et l’année 1920 pour ce faire…

    Actes de naissance et de mariage - Feux - AD18 : 1893-1902 ; 3E 5496 - 1903-1912 ; 3E 6269
    La dépêche du Berry - Retronews : 19 juin 1919
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    M… Mariages de Rosalie BEAUNEZ

    Le 20 février 1859, Rosalie rencontre son futur époux Louis LINARD chez Maître COURSIER ; c’est le deuxième contrat de mariage rédigé en un mois. Elle est toujours âgée de 17 ans, Louis en a 24.

    Si la dot de Rosalie n’est toujours pas estimée, la liquidation de la succession de sa mère n’étant pas faite, Louis apporte une dot bien plus conséquente que François BALUT : 200 francs d’argent comptant, 100 francs en meubles et objets mobiliers et surtout 1650,50 francs en obligations et quittances diverses. Soit au total 1956,50 francs.

    Vient également la description du préciput : 1. les habits et linge à son usage personnel, 2. un lit garni de tous ses accessoires, 3. une pièce de meubles au choix.

    Pour la signature de ce contrat, outre la mère du futur époux et le père de la future épouse, sont présents Jacques LINARD, oncle de Louis, son frère Jean, et du côté de Rosalie son beau-frère Antoine LEFAUX et son oncle François DUSSAULT (également son subrogé tuteur).

    Le mariage est célébré le 6 mars à 17h en la commune d’Herry. Comme je l’avais raconté précédemment, Louis a un certificat d’exemption du service militaire pour atrophie du bras droit. Les témoins du côté du marié sont son frère Jean LINARD, un ami Genefort DEBRET, et pour Rosalie son frère Cyprien BEAUNEZ et son oncle François DUSSAULT.

    Neuf mois tout pile après son mariage, Rosalie met au monde Louis, mon aïeul, puis Jean-Baptiste un peu moins de deux ans plus tard.

    Louis LINARD décède en 1864 à l’âge de 30 ans ; son inventaire après décès précise qu’il souffrait d’une longue maladie.

    Le 15 janvier 1865, Rosalie alors veuve et mère de deux garçons de 4 et 3 ans, se présente chez le successeur de Maître COURSER, maître DUMOULIN. Un nouveau mariage est prévu, cette fois-ci avec Louis PERROY. Il est âgé de 30 ans, elle en 24.

    Rosalie apporte une confortable dot : 2600 francs, ses meubles et les habits de son défunt époux pour 650 francs, soit un total de 3250 francs.

    Son futur mari apporte 1000 francs (plus que François, moins que Louis).

    De nouveau la description du préciput : 1. le meilleur lit de la maison avec quatre draps, 2. un meuble à son choix, 3. les habits, linges et hardes à son usage personnel.

    Le mariage est célébré le 23 janvier à 10 heures. Les témoins du côté de Rosalie sont son frère Cyprien, et son oncle Louis RABOIN. J’apprends à cette occasion qu’il est son parrain !

    Pour la première Rosalie signe. Elle est d’ailleurs la seule ce jour-là. Elle a dû s’entraîner (mais l’orthographe de son nom n’est pas tout à fait exacte). AD18 – 3E 4039

    De cette union, j’ai trouvé au moins dix enfants :

    • 1865 : François Moïse
    • 1867 : Théodule
    • 1869 : Jean Baptiste
    • 1871 : Louise Célestine
    • 1874 : Marie Louise
    • 1876 : Françoise Rosalie
    • 1878 : Marie Rosalie
    • 1879 : Louis Camille
    • 1882 : Julien Henri
    • 1886 : Jacques Jules

    Entre la naissance de Théodule et celle de Jean Baptiste, la famille déménage de Herry à Feux, une commune voisine. C’est dans cette commune que Rosalie finira sa vie. Elle décède le 20 juillet 1910 à l’âge de 68 ans, trois ans après son époux Louis PERROY.

    Minutes de Louis COURSIER - Étude d'Herry - AD18 : contrat de mariage 1859 - E/23765
    Publications de mariage - Château-sur-Allier - AD03 : 1833-1862 ; 2 Mi EC 56 4
    Actes de mariage - Herry - AD18 : 1853-1862, 3E 3705 ; 1863-1872, 3E 4039
    Minutes de Paul DUMOULIN - Étude d'Herry - AD18 : contrat de mariage janvier-avril 1865- E/23785
    Actes de naissance - Herry - AD18 : 1853-1862, 3E 3704 ; 1863-1872, 3E 4038 ; 
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    L… Le mariage fantôme de Rosalie BEAUNEZ

    Marie CANDRET, mère de Rosalie est décédée le 8 décembre 1858. Était-elle encore encore en vie lorsque la perspective d’un mariage commençait à être évoquée ?

    Le 25 janvier 1859, Rosalie (alors âgée de 17 ans) se rend avec son père chez Maître COURSIER pour rédiger le contrat de mariage. Son futur époux François BALUT, âgé de 27 ans, est présent. Il réside à Herry « de droit », mais de fait en la commune de Château-sur-Allier où il y est domestique, au hameau de Ponçu. Le père de François est décédé, mais sa mère Rose BONNARD est présente.

    François apporte comme dot la somme de 900 francs ; 50 francs viennent de la succession de son père, le reste étant « le fruit de ses gains et économies ».

    Du côté de Rosalie, elle apporte les droits immobiliers de la succession de la sa mère qui n’est pas encore chiffrée, car pas encore liquidée.

    Dans les autres éléments du contrat, le fameux préciput (ce qui reste à l’époux survivant après le décès du conjoint) : 1. les habits et linge à son usage personnel, 2. un lit garni de trois de ses accessoires, 3. une pièce de meuble au choix.

    Si la date du mariage n’est pas précisée, il est indiqué que la célébration aura lieu « incessamment » en la commune d’Herry.

    Les archives de l’Allier ont mis en ligne les publications de mariage en plus de l’état civil. J’ai pu ainsi retrouver la trace des publication de mariage à Château-sur-Allier les 30 janvier et 6 février 1859.

    Nous retrouvons Rosalie le 20 février, non pas pour le mariage, mais pour signer un contrat de mariage avec Louis LINARD mon aïeul… Que s’est-il passé durant ces deux semaines ???

    Je sais que la dot de mon aïeul était plus importante… Serait-ce la seule raison ?

    François BALUT épousera finalement Madeleine CHARLES à Herry le 25 septembre 1859. Il a alors quitté la commune de Château-sur-Allier pour s’établir à Herry. Pas de trace d’une reconnaissance d’enfant, ce qui aurait également pu expliquer le revirement de situation.

    Minutes de Louis COURSIER - Étude d'Herry - AD18 : contrat de mariage 1859 - E/23765
    Publications de mariage - Château-sur-Allier - AD03 : 1833-1862 ; 2 Mi EC 56 4
    Acte de mariage - Herry - AD18 : 1853-1862 ; 3E 3705
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    K… Kilomètres

    Revenons-en un petit moment à Jean BEAUNEZ. Nous avons parlé directement de son premier mariage… sans avoir parlé de son village d’origine.

    Jean BEAUNEZ est originaire de Préporché, commune du Morvan, où l’on trouve le hameau … des Beaunés ! Peut-être est-ce l’origine du patronyme ?

    Carte de Cassini – Le hameau des Beaunés, au nord du bourg de Préporché

    Préporché est distant de 75 km à vol d’oiseau de Herry, où Jean vivra par la suite.

    Mais j’ai découvert tout récemment qu’il ne fut pas le seul de la fratrie à émigrer dans le Berry. Sa sœur Jeanne BEAUNEZ, sept ans plus âgée que lui, s’est mariée à Mornay-Berry, une commune située à 20 kilomètres d’Herry. Chose étonnante, Jeanne se marie le 28 août 1832, à l’âge de 50 ans. Son époux Jean GAJAT est âgé de 65 ans. Si l’acte précise bien que l’époux est veuf, rien n’est dit pour la mariée.

    Accolé à l’acte de mariage se trouve le consentement de Jeanne MILLARY, mère de Jean et Jeanne BEAUNEZ, qui est veuve en 1832. Elle approuve le mariage, et charge un propriétaire de Ménetou-Couture (commune voisine de Mornay-Berry) d’être mandataire et « réciter » ce consentement. Il sera en effet l’un des témoins du mariage.

    Son frère Jean BEAUNEZ ne fait pas partie des témoins signataires.

    Ce mariage durera onze ans ; Jeanne décède le 20 mai 1844 à l’âge de 61 ans.

    Acte de mariage - Mornay-Berry - AD18 : 1820-1832 ; 3E 1804
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    J… Jusqu’à Chalon-sur-Saône

    Aujourd’hui je vous propose de poursuivre le récit de la vie d’Alice LINARD, après le terrible évènement relaté hier.

    Le 9 mai 1908, soit cinq mois après son acquittement, Alice épouse Emille TAILLANDIER, ajusteur. Le juge avait précisé en janvier qu’elle était fiancée à un cousin de Chalon-sur-Saône, il semble que les fiançailles aient été maintenues. En effet, Emile est un cousin du côté de la mère d’Alice, Pauline DUBOIS.

    Ils se marient à Chalon-sur-Saône à 17 heures. Aucun membre de leur famille n’est présent ; la mère du marié, veuve, et les parents de la mariée ont fait connaître leur consentement par écrit. Les témoins sont chauffeur, charpentier en bateau, ajusteurs… sans doute des collègues de travail du marié.

    Les signatures le jour du mariage ; à gauche, celles des mariés

    Émile habite au 23 rue de Lyon, ils ont vraisemblablement dû y habiter après le mariage. Ils déménagerons ensuite régulièrement. Leur premier fils Émile Auguste nait un an après leur mariage. En 1910 nait un second fils, André. Leur père Émile est absent pour une période d’exercices militaires dans le 4ème Régiment du Génie. Quelques semaines avant cette naissance, une inondation a touché Chalon-sur-Saône ; vivant proches des quais, peut-être l’ont-ils vécue ?

    Plan de la commune de Chalon sur Saône en 1904 – Archives de Chalon sur Saône – 1O 3/6 (1)

    Le 13 avril 1913, Émile déménage loin, mais de manière temporaire, à Martigues. Puis il revient aux Granges forestiers à Chalon-sur-Saône en janvier 1904. Il sera mobilisé le 1er août 1914 au 11ème Régiment de Génie, puis sera détaché en septembre 1915 aux usine Schneider et Compagnie à Chalon-sur-Saône. Il passe au 29ème Régiment d’Infanterie en juillet 1914, mais sera maintenu détaché.

    Alice et Emile déménagent ensuite plus loin. En mai 1921 ils vivent avenue Leclerc à Lyon, puis chemin des culattes prolongées en 1925 dans la même ville.

    Le dernier domicile renseigné sur la fiche matricule d’Emile est le hameau de Récy, commune de Vinon, lieu d’origine d’Alice ! Ils sont retournés dans le berceau familial, où après une vie d’ajusteur dans des usines Emile deviendra cultivateur. Au recensement de 1931 ils y vivent avec leur dernier fils, qui les aide sur la ferme.

    Acte de mariage - Archives de Châlon-sur-Saone : 1908, 3E 115
    Fiche Matricule d'Emille TAILLANDIER - AD18 - 2R0613 - Numéro de matricule 128 - Classe 1900
    Actes de naissance - Archives de Châlon-sur-Saone : 1909, 2E 116 ; 1910, 2E 117
    Recensement - Vinon - AD18 : 1931, 6M 0307
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    I… Infanticide

    Aujourd’hui nous quittons la vie de Jean pour faire une peu de généalogie descendante. Nous reparlerons plus tard en détail de la vie de Rosalie BEAUNEZ, mon aïeule qui eu deux fils de son premier mariage avec Louis LINARD : Louis, mon ancêtre, et Jean-Baptiste. Alice (de son état civil Marie Alice) est la fille aînée de son mariage avec Pauline DUBOIS.

    Alice nait en 1887, mais l’affaire dont il s’agit s’est déroulée en 1907 et fut relatée dans les journaux de l’époque.

    Alice travaille alors comme domestique pour Mr et Mme AURAT, qui habitent place de la Halle à Sancerre. Lui est banquier.

    Le 1er octobre 1907, après avoir discuté avec des voisins ayant vu le ventre d’Alice s’arrondir, Mme AURAT se décide à lui parler et la presse de quitter son poste dès le lendemain.

    Alice proteste et lui promet de rapporter un certificat du médecin. Elle se rend alors le 2 octobre chez le le docteur MALFUSON, qui lui apprend qu’elle sera mère sous quinze jours. Ne pouvant donc présenter de certificat, Alice indique à sa maîtresse qu’elle partira sous peu.

    Le matin du 4 octobre, c’est une Alice très pâle qui descend vaquer à ses occupations. Une voisine lui en fait la remarque, Alice répond qu’elle a mal dormi. La voyant souffrante, on fait venir le docteur CHAMAILLARD, et Alice ne peut qu’avouer avoir accouché dans la nuit, aux environs de 9 heures du soir. Tous montent dans sa chambre et trouvent dans son lit le corps d’une petite fille, dans des draps ensanglantés. D’après l’examen du docteur, le nouveau-né a une marque au cou… ce dernier aurait pu être étranglé à l’aide d’un cordon, retrouvé dans la chambre.

    Alice est transportée à l’hospice…

    La halle n’existe plus aujourd’hui

    Le jugement pour infanticide se tient trois mois plus tard, le 6 janvier 1908, à la cour d’assises du Cher.

    Alors que l’on s’attend à voir arriver une « pauvre » domestique, voici la description que le journaliste de la Dépêche du Cher nous en fait :

    « C’est une grande jeune fille brune, assez gentillette. Elle pleure et se passe constamment son mouchoir blanc sur les yeux. Elle est vêtue d’une jupe noire, d’une jaquette de la même couleur, et un boa noir lui entoure le cou et tombe sur sa poitrine. Elle est coiffée d’un chapeau gris à plumes blanches pointées de noir. En un mot Alice Linard n’a point du tout l’air d’une domestique. On dirait plutôt une demoiselle de magasin ou une couturière dans sa robe de tous les jours ».

    L’interrogatoire commence. On demande à Alice si elle a quitté son ancien emploi pour mauvaise conduite, ce qu’elle dément. On lui pose d’autres questions dans le but d’identifier le père de l’enfant, alors même qu’Alice est fiancée avec l’un de ses cousins habitant Châlon-sur-Saone. Mariage qui fut repoussé à novembre…

    On lui pose ensuite des questions sur la nuit de l’accouchement. Elle répond de manière évasive, dit ne pas s’être occupée de l’enfant après la naissance. Elle ne répond pas à l’accusation de l’avoir étranglé, mais nie s’être couchée dessus dans l’intention de la tuer.

    Ce qui choque le juge et les témoins, c’est qu’elle n’ait fait aucun préparatif pour l’arrivée de l’enfant après avoir vu le docteur MALFUSON. Elle répond avoir pensé disposer de plus de temps.

    Enfin vient le tour du docteur CHAMAILARD de témoigner. Il est formel, l’enfant était viable et est mort d’asphyxie. Mais il ne peut conclure avec certitude à l’étranglement. Est-ce ce doute qui a influencé le jury ?

    Le président demande de condamner Alice pour homicide par imprudence. Le substitut du procureur rajoute qu’Alice Linard s’est donnée par vice, alors qu’elle était fiancée à un brave garçon, son cousin. Le ministère public ne voit aucune excuse dans le crime commis. L’avocat d’Alice, Maître BEAU demande l’acquittement … le jury se retire puis donne son verdict : acquittement.

    Brouhaha dans la salle !

    Car ce que je ne vous ai pas dit, c’est que la séance précédeat le jugement d’Alice portait déjà sur un infanticide. Commis cette fois-ci par Clémentine RIVIERE, une prostituée. Et alors même que le médecin ayant réalisé l’autopsie du nouveau-né ne pouvait exclure un accident, cette dernière fut condamnée à trois ans de prison…

    En relisant le compte-rendu de la séance au tribunal concernant Alice, je me demande si de nos jours on n’aurait pas identifié un déni de grossesse. Que d’histoires tragiques à l’époque où la contraception n’existait pas. ..

    Journal du Cher - Retronews : 9 octobre 1907, 6 janvier 1908
    La Dépêche du Berry - Retronews : 6 janvier 1908 ; 8 janvier 1908
    L’Indépendant du Cher - Retronews : 9 janvier 1908